78 651 : c'est son numéro de déportée, qu'elle a fait graver sur son épée d'académicienne. Simone Veil était ce genre de femme, celle qui fait d'un passé lourd une force pour l'avenir.
Survivante des camps d'Auschwitz-Birkenau, elle se marie, devient mère et s'engage en politique. Femme de conviction, combative et tenace, elle a su s'ouvrir une brèche dans un monde d'hommes. Elle nous a légué la loi autorisant l'IVG, qui porte son nom.
Son parcours en politique, c'est le pied de nez qu'elle a fait au destin.
En 1979, Valéry Giscard d'Estaing la choisit pour conduire la liste de son parti, l'UDF, aux premières élections européennes au suffrage universel direct. Elle gagne. Elle gagne aussi l'élection à la présidence du Parlement européen. "Le premier Président du Parlement européen est une femme" aimait à dire cette authentique féministe.
"Pour relever les défis auxquels l'Europe est confrontée, c'est dans trois directions qu'il nous faudra l'orienter : l'Europe de la solidarité, l'Europe de l'indépendance, l'Europe de la coopération" affirme-t-elle lors de son discours d'ouverture devant une Assemblée parlementaire alors très masculine.
Le 13 juin 1990, c'est à Strasbourg qu'elle reçoit cet autre monstre sacré de l'Humanisme et de la Fraternité : Nelson Mandela. Fraîchement sorti de sa prison de Robben Island, en Afrique du Sud, il avait reçu en 1988 le Prix Sakharov du Parlement européen. Simone Veil le lui remettra solennellement deux ans plus tard. C'est la rencontre au sommet de deux symboles vivants, tous deux victimes des violences racistes du XXème siècle : la Shoah et l'Apartheid.
Simone Veil, grand témoin du siècle passé, aura été une magistrate militante et pionnière, une Ministre de la Santé qui marquera la vie de toutes les femmes, une Présidente européenne modèle, la créatrice et Présidente du Mémorial de la Shoah, une membre du Conseil constitutionnel sage et avisée, enfin une Académicienne sourcilleuse de la langue française et des valeurs qu'elle véhicule.
"Quand je regarde ces soixante dernières années, l'Europe est ce qu'on a fait de mieux" dit cette militante de l'Humanisme européen.
Puissent l'Europe, la France et Strasbourg s'en souvenir et porter haut son message.